21 avril 2018

L’affaire Weinstein et la lutte mondiale contre le viol

Lorsque l’affaire Weinstein a fait fureur à travers le monde, ce n’est pas la véritable cause de l’explosion contemporaine des dénonciations du harcèlement sexuel. Cette lutte contre le viol et la violence sexuelle a des racines bien plus vieilles. Même le fait que cette affaire est considérée globalement comme un scandale, c’est le produit d’une tellement longue dialogue, et de la résistance par les femmes et leurs alliés depuis plusieurs années. Cependant, l’affaire Weinstein et le mouvement #metoo a beaucoup inspiré plusieurs gens à dire que c’est bien le moment de changer, une fois pour toutes.



Grâce à ce nouveau mouvement de résistance contre le viol, il est plus clair que la violence sexuelle n’est pas juste une attaque contre une personne en particulier—la victime—mais une perpétuation des normes culturelles qui sont extrêmement dangereuses. Christine Planté écrit que si les femmes ne peuvent même pas vraiment « exprimer leur désir » sexuel dans leurs rapports charnels et hétérosexuels, « la possibilité de résister au harcèlement » est bien plus limitée pour elles que pour les hommes. C’est pour cela que la grande majorité des victimes sont normalement les femmes. C’est aussi la raison pour laquelle la violence sexuelle est catégorisée comme sexiste et anti-féministe, et le mouvement contre le viol est une réaction contre le patriarcat-même. À l’instar de Hillary Clinton, il faut reconnaître que cette infraction des droits et de l’autonomie d’une femme est sûrement une attaque contre la notion-même des droits humains : «  Les droits de l'homme sont les droits de la femme, et les droits de femmes sont des droits de l'homme », a-t-elle dit le 8 septembre 1995 à Beijing.

Lorsque la lutte mondiale contre la violence sexuelle est différente dans chaque pays—en raison des idiosyncrasies culturelles et des structures économiques et gouvernementales qui imposent de contraintes uniques, vis-à-vis l’activisme féministe—le but est plus ou moins pareil partout : édifier des sociétés plus équitables pour chacun et chacune, sans exception.

Un signe de l’activisme contre le viol est le développement des hashtags dans plusieurs pays pour faire témoin du harcèlement sexuel. Ce phénomène a commencé avec le mouvement #metoo aux États-Unis, mais le hashtag est aussi recontextualisé à travers le monde. En Allemagne, #metoo devenait #aufschrei (« cri ») ; en Italie, c’est #quellavoltache (« cette fois ou… ») ; dans les pays portugophones, on écrit #primeiroassedio et #miprimeracoso (« premier harcèlement ») ; et dans les pays hispanophones, la traduction est plus exacte : #yotambién et #amitambien (« moi aussi ») (Bernard et al.). Ces hashtags ne possèdent pas forcément les mêmes significations que #metoo, parce que les luttes régionales sont différentes. Cependant, ils donnent tous de l’espace pour que les victimes puissent entrer dans la conversation, faire découvrir à tout le monde qu’elles sont vraiment autour de nous, et réaffirmer la nécessité de mettre fin à cette catastrophe.

Néanmoins, malgré la popularité de ces hashtags, l’activisme contre le viol n’a pas toujours le même effet. En Russie, par exemple, une société « dominée par l’image de l’homme fort » (Bernard et al.), la résistance est plutôt silencieuse. Au Mexique, aussi, Adriana Fonseca, une vedette du cinéma, a même dit que son pays n’est pas encore « prêt » à dénoncer Weinstein (Saliba et Montoya). C’est aussi un pays où les tribunaux ne jugent que 2 % des délits d’assaut sexuel (Saliba et Montoya). En revanche, Suède présente un avenir plus optimiste, où des milliers de femmes dans plusieurs industries « dénoncent collectivement le harcèlement et les violences dont elles sont victimes » (Hivert). Grâce aux dénonciations de ce type, il est de plus en plus clair que la solidarité n’est pas optionnelle dans cette lutte pour l'égalité, mais un devoir. C’est une obligation morale pour tout le monde.

Les enjeux de ce conflit sont différents dans chaque culture, donc les prochaines étapes de mobilisation seront uniques partout, pour adresser plus précisément les tendances régionales du viol et du sexisme en général. Cependant, la reconnaissance-même que la solidarité est surement une responsabilité pour chacun et chacune, et que la culture du viol est directement en contradiction avec toutes les notions démocratiques inspirées des droits humains—c’est peut-être la première étape dans une grande série mondiale de mobilisation contre le viol.

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