24 mars 2018

Les Investissements moraux dans le monde contemporain : Une Comparaison entre Aristote, Marx, et Latour

Introduction

MISE EN CONTEXTE / PREPARATION :

Maintenant, il y a plusieurs moyens d’améliorer son statut économique. On peut travailler et gagner un salaire, ou on peut faire des investissements pour avoir des revenus non gagnés. Avec des investissements dans les fonds indiciels, par exemple, on choisit une  liste d’entreprises dont on pense qu’elles resteront pertinentes pour le  monde contemporain et qu’elles donneront des bonnes dividendes. C’est plus ou moins la même stratégie financière avec les fonds communs de placement. La différence est qu’il faut faire confiance à la personne ou à l’entreprise qui contrôle la gestion de portefeuille aussi.



RESSERRAGE :

Parmi tous les fonds indiciels et les fonds communs de placement, on peut trouver des fonds qui sont explicitement socialement responsables. Ce sont peut-être des groupes d’entreprises qui sont, par exemple, écologiquement efficaces, ou qui ne profitent pas du pétrole. Cependant, si on veut faire des investissements moraux, la question est bien plus compliquée. Il y a plusieurs écrivains et philosophes qui disent que ce n’est pas du tout possible de gagner l’argent moralement. Par exemple, ils disent que l’argent est intrinsèquement naturel parce que c’est la cause de l’exploitation du prolétariat et du monde écologique. Ainsi, gagner de l’argent, c’est peut-être purement un péché. On peut lire les écrits d’Aristote, Bruno Latour, et Karl Marx pour des opinions diverses sur le sujet d’argent dans un système économique capitaliste ou commercial.

PROBLÉMATIQUE :

Est-il possible de faire des investissements moraux  dans le monde contemporain et le système capitaliste ? Si on veut gagner des revenus non gagnés, comment peut-on le faire le plus moralement ?

ANNONCE DU PLAN :

Pour arriver à une bonne réponse à ces questions, je vais analyser les trois opinions d’Aristote, Bruno Latour, et Karl Marx. Aristote pose des bonnes réponses sur l’acquisition de l’argent et sa signification  dans le monde contemporain. Marx écrit sur les revenus non gagnées depuis la perspective des capitalistes. Latour pontife sur les ramifications du monde écologique et sa propre considération morale dans un système commercial. Pour finir la composition, je vais donner une synthèse des idées, pour trouver une stratégie financière qui est morale dans le système du capitalisme contemporain.

1. Aristote dit que l’acquisition de l’argent ne peut pas être morale, parce que l’argent est intrinsèquement non naturel, et l’acquisition sans limite est contre la vertu de tempérance.

Aristote présente une évaluation des investissements et de l’acquisition d’argent avec deux perspectives: D’abord, il dit que l’argent-même ne peut pas être naturel. Spécifiquement, il fait la comparaison entre la propriété et l’argent : « One of them is natural [la propriété], whereas the other is not natural, but comes from a sort of experience and craft [l’argent] » (Aristote La Politique 15). Alors, utiliser l’argent n’est pas nécessairement un péché. Par exemple, il faut utiliser l’argent lors d'un échange commercial, entre deux personnes ou deux groupes qui échangent des objets pour mieux vivre (16). À son avis, ce type d’utilisation de l’argent n’est pas naturel, mais il  est nécessaire, quand-même. La notion de « craft » est connectée au commerce, mais elle est un peu différente : Elle ne ne se résume pas à faire des échanges pour mieux vivre, mais pour gagner plus d’argent (16). Le problème avec cette stratégie financière est que l’argent-même n’a pas de valeur, s’il n’y a pas d'échanges pour lesquels on peut l’utiliser (16). Il écrit que l’argent est « nonsense and wholly conventional,  » sans valeur naturelle/intrinsèque (16).

Finalement, il écrit que l’acquisition d’argent est intrinsèquement mauvaise, parce qu’il n’y a pas de limite. Au contraire, tous les objets naturels ont une limite d’acquisition. Par exemple, la nourriture nous donne de l’énergie, et elle a une valeur naturelle. Cependant, on ne peut pas continuer à manger sans limite. Ce n’est pas possible. Toutes les choses qui sont naturelles ont une limite, mais ce n’est pas le cas avec l’argent. Aristote écrit, « It seems that every sort of wealth has to have a limit. Yet … all wealth acquirers go on increasing their money without limit » (17). Avoir une limite d’acquisition est important à cause de la vertue de la tempérance (Aristote L’Éthique à Nicomaque 18). Si on veut vivre avec cette vertu, il ne faut pas gagner de l’argent sans limite. Cette stratégie financière est complètement opposée à la tempérance. En fait, l’acquisition de l’argent est comme un type de double-péché, parce l’argent n’est pas naturel et l’acquisition sans limite est contre la vertu de tempérance ! Ainsi, si on veut conduire une vie excellente, selon  l’avis d’Aristote, il faut gagner seulement la somme d’argent nécessaire pour acheter des choses naturelles qui sont nécessaires.

2. Karl Marx pense que l’acquisition de l’argent mène à l’exploitation du prolétariat, donc cette stratégie financière est immorale. 

Marx développe l'idée que l’argent ne peut pas être moral. Il affirme  que le système capitaliste est une méthode de la petite-bourgeoisie pour exploiter le prolétariat, comme l’ancien système du féodalisme (Marx 35). Cependant, les relations sont plus ou moins les mêmes, à cause de la  dialectique entre les capitalistes et les ouvriers. Il écrit, « The modern bourgeoisie is itself the product of a long course of development, of a series of revolutions in the modes of production and of exchange » (35-36). En fait, c’est le développement des désirs des substances superficielles qui a transformé le féodalisme en  un système où tout le monde est implicitement contrôlé par la relation  avec son patron. Cette dynamique est ultimement commandée par la petite-bourgeoisie, qui a congloméré presque toutes les grandes sociétés, pour concentrer la possession de la propriété privée (40).

Marx ne fait pas une grande distinction entre l’argent et la propriété, parce qu’il est facile de les échanger l’un pour l’autre. En fait, les deux servent le même but : la stratification sociale. L’existence du capital et de la propriété privée souligne l'absence de propriété privée pour la grande majorité de la population (56). Alors, l’acquisition du capital, c’est exploiter les autres et maintenir son pouvoir (55). C’est pourquoi les ouvriers  gagnent seulement des petits salaires pour continuer à vivre, manger, et dormir sans beaucoup de problème; la petite-bourgeoisie peut continuer à contrôler le système socio-économique (44). Pour  cette raison, le travail lui-même n’est pas une bonne ressource pour gagner beaucoup d’argent. Typiquement, on ne gagne que l’argent nécessaire pour continuer à travailler, pas pour devenir membre de la petite-bourgeoisie (54).

Dans ce système capitaliste , la petite-bourgeoisie peut exploiter le prolétariat pour continuer à acquérir de l’argent sans limite et sans difficulté. Ainsi, Marx ne peut pas séparer l’acquisition de l’argent de l’exploitation. Ce sont plus ou moins les mêmes choses, à son avis. Par conséquent, l’acquisition de l’argent n’est pas morale, parce qu’elle  mène à l’exploitation de la grande majorité des personnes.

3. Bruno Latour soutient qu’on donne la priorité aux  lois du capitalisme comme elles sont plus importantes que les lois du monde écologique—Alors, qu’est-ce qu’on peut faire dans ce système éternel ?

Les idées de Latour sont plus ou moins une bonne combinaison de Marx et Aristote, même si le mélange n’est pas intentionnel. Latour critique le capitalisme et notre soutien de ce système. Il dit que il y a deux types de « nature » (Latour, « Affects of Capitalism » 1). Le premier type est le monde naturel, l’écologie (1). Le deuxième type est le monde économique et commercial (2). L’ordre des deux types de nature illumine la hiérarchie entre les deux (1). Alors qu’ ’il faut donner la priorité au  premier type et protéger le monde écologique, Latour dit qu’on choisit typiquement de donner la priorité au deuxième type, pour faire progresser/avancer le système capitaliste (6). Avec notre ignorance et notre évitement de la question du changement climatique, on préfère agir vis-à-vis des lois du capitalisme. Notre préoccupation du monde naturel est secondaire. En fait, il compare les deux types et leur longévité : « ‘Laws of economics’ [are] just as eternal and just as solid as ‘laws of physics’ » (3). Cette phrase dit qu’on donne la priorité aux les lois économiques à cause du système. On a produit des lois presque inarrêtables pour continuer à perpétuer ce système de capitalisme. C’est « the constant addition of protective layers » qui nous assure de son immortalité, parce que ce système est bien entrelacé dans les codes légaux  internationaux, et dans presque toutes les cultures à travers le  monde, aussi (5). C’est-à-dire qu’une révolution n’est pas possible (8). On est toujours situé dans le « capitalocene » (Latour, « Anthropology » 6-7). Par conséquent, le capitalisme est éternel, même si on ne l’aime pas.

Cependant, il existe  peut-être la possibilité  d’utiliser ce système pour revaloriser/remettre sur le devant de la scène le monde écologique. Latour dit que le capitalisme est le plus grand moteur de la modernisation (Latour, « Affects of Capitalism » 9). Puisque la modernisation est maintenant liée à l’exploitation des ressources naturelles et à la technique écologiquement efficace, il y a peut-être une place  pour la morale dans le système capitaliste. C’est-à-dire, on ne doit pas changer les lois du capitalisme. Il faut juste tenir à un valeur plus haut les externalités naturelles de la technologie écologiquement efficace pour agir moralement dans le système capitaliste. C’est raisonable : Avec un monde écologique sans pollution et sans changement climatique, par exemple, il y a des avantages pour tout le monde, vis-à-vis de la santé et de la nutrition. Il faut juste faire des investissements qui améliorent les problèmes qu’on trouve dans le monde contemporain—et qui sont économiquement viable.

Conclusion

« RÉSUMÉ » :

En pontifiant sur l’acquisition de l’argent sans limite, Aristote la déclare complètement immorale, parce que l’argent n’est pas naturel, et l’acquisition est contraire à la vertu de tempérance. Aristote ne pense pas que l’argent soit intrinsèquement immoral. C’est la stratégie financière de ne pas arrêter de  l'acquérir qui l’est. Au contraire, Marx soutient que tout le système de capitalisme est immoral, parce qu’il est seulement employé comme justification par  la petite-bourgeoisie pour exploiter la grande majorité du monde, le prolétariat. Latour a une opinion similaire : Nous protégeons notre système économique bien plus qu’on obéit aux  lois naturelles du monde écologique. Ainsi, parce que le système est immoral, et presque éternel, il faut agir dans le système, si on veut prendre des décisions morales.

ARGUMENT :

J’ai montré trois opinions différentes sur l’acquisition de l’argent : 1) L’argent  est moral, juste pour subvenir à  nos besoins nécessaires , et pas plus ; 2) L’argent est complètement immoral, parce qu’il justifie l’exploitation du prolétariat; et 3) L’argent est peut-être immoral, premièrement si on donne la priorité à l’argent (l’économie plutôt) sur  le monde écologique. Alors, le système capitaliste ne va probablement pas disparaître, donc, même si ce système est complètement immoral, on ne peut rien faire vis-à-vis la continuation de capitalisme. Aussi, il faut que nous fassions des investissements pour garantir nos nécessités. On ne sait pas s’il y aura des problèmes médicaux ou des urgences quand on a besoin d’un peu plus d’argent, mais il vaut mieux planifier, quand-même. Ainsi, il faut valoriser l'environnement et les buts socialement responsables dans nos investissements. Il faut choisir des entreprises, des fonds indiciels, et des fonds communs de placement qui avancent l'environnement, la santé publique, et d’autres causes sociales qui sont importantes et pertinentes dans le monde contemporain. Il faut promouvoir les sociétés qui valorisent les externalités positives, même s’il n’y a pas de  motivation strictement financière.

OUVERTURE :

Puisqu’il faut faire des investissements socialement responsables, il faut demander : Quelles sont les sociétés les plus morales ? Si on valorise la première nature plus que la deuxième, qu’est-ce qu’on doit faire dans ce système économique pour protéger le monde écologique le plus possible ?


Ressources

Aristotle, and C. D. C. Reeve. Politics. Hackett Publishing Company, Inc., 2017.
Aristotle. Aristotle, Introductory Readings. Edited by T. Irwin and G. Fine.
Latour, Bruno. “Anthropology at the Time of the Anthropocene - a Personal View of What Is to Be Studied.” American Association of Anthropologists. American Association of Anthropologists, Dec. 2014, Washington.
Latour, Bruno. “On some of the affects of capitalism.” Royal Academy, 26 Feb. 2014, Copenhagen.
Marx, Karl, et al. The Communist Manifesto. Edited by Jeffrey C. Isaac, Yale University Press, New Haven; London, 2012, pp. 73–102. JSTOR, www.jstor.org/stable/j.ctt5vm1x2.8.

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